Aller au contenu

Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
255
LA MÈRE DE DIEU.

lier sous le sac et la cendre pour racheter leurs fautes !

— Je vous écoute, répondit Wewa d’une voix de basse taille, comme un chantre ivre, je vous écoute, et Dieu aussi prête l’oreille à vos prières. J’ai compassion de vous, pauvres pécheurs, de vos vices et de vos turpitudes ; je vous promets de vous aider à suivre le droit chemin, de vous soutenir d’une main ferme et douce. Soyez pieux et obéissants, priez, faites pénitence ! Je vois venir le jour où j’aurai à juger les infidèles, et cette maudite, cette pécheresse, cette Athalie de Fargowiza-polna. »

Wewa les embrassa tous ensuite, l’un après l’autre. Les Duchobarzen baisèrent avec transport ses bottes bleues. Sukalou alla même jusqu’à presser ses lèvres sur une tache au manteau de la Mère de Dieu.

Lorsqu’ils furent dispersés, Wewa se tint un instant assise sur un siège élevé, une sorte de trône. Elle ressemblait à une idole chinoise sur son piédestal. Sukalou se jeta à genoux devant elle, au milieu de la salle.

« Eh bien, siège de la souveraine sagesse, commença-t-il avec de longs soupirs, es-tu contente de ton esclave ?

— Je suis contente, Sukalou.

— Ta gloire s’étend au loin, Tour de David, comme la lumière du soleil, de l’aube au couchant. Aie pitié de moi, misérable, ô rémission de toutes les fautes, apaise ma faim et délivre-moi de la soif inextinguible qui me dévore !

— J’ai fait préparer un festin pour toi et pour moi,