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Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/39

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SASCHA ET SASCHKA.

des formes étranges. Sascha s’occupait à détacher quelques petits fragments à l’aide du marteau, quand son fils s’écria soudain :

« Il y a en effet un ours ici, mon père ; seulement il est mort.

— Comment ! »

Saschka éclaira un coin de la caverne où gisait, sous des restes d’ossements, le crâne gigantesque d’un ours antédiluvien.

À peine le desservant l’eut-il aperçu qu’il jeta un cri de joie.

« Ce n’est point là un ours de nos pays dont tu vois les ossements, dit-il, mais un ours antédiluvien, que l’on nomme l’ours des cavernes ; tu as fait là une grande découverte, mon fils. »

Et il le salua. Puis, à l’aide de Saschka, il transporta le crâne et les autres débris de l’animal à la lumière du jour, et, lorsque le curé eut tout analysé, il s’empara du morceau le plus lourd, puis les deux voyageurs entassèrent comme ils purent les autres fragments dans les gibecières qu’ils portaient. Harassés de fatigue, mais fiers et soutenus par la joie de leurs découvertes, leur enthousiasme n’eut plus de bornes quand, peu de temps après, un professeur qui parcourait les Carpathes pendant les vacances, reconnut parmi ces ossements les restes de l’ours et du cerf antédiluviens.

L’hiver, pendant les soirées paisibles et monotones qui semblent interminables dans ce pays, Sascha distrayait son fils par des expériences de physique et de chimie qui, tout en étant fort simples, fournissaient