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Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/65

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SASCHA ET SASCHKA.

apparaissaient enfin Karol et Marga, tous deux à cheval.

Saschka aidait la jeune fille à mettre pied à terre et l’introduisait dans la maison. Quand Spiridia venait au-devant d’elle avec une douce majesté, Marga s’inclinait spontanément pour lui baiser la main ; mais dame Homutofko ne voulait point y consentir, ses lèvres effleuraient tendrement le front de la jolie Polonaise, et sa main caressait ses cheveux blonds ; puis elle se rendait à la cuisine pour préparer elle-même le café.

Le curé recevait Marga comme une fille ; il la faisait asseoir sur la grande chaise et se plaçait vis-à-vis d’elle en tenant ses mains dans les siennes. Il la contemplait avec bonheur. Personne ne lui avait rien dit et il n’était point homme à deviner des secrets, mais son cœur sentait que cette aimable et belle créature était chère à son fils, qu’il lui était profondément attaché et que cela devait être certainement réciproque : ce qui fit que Sascha l’aima, lui aussi, dès le premier instant. Il la chérit comme cela était permis à un bon époux et à un bon père, un peu pour elle-même, mais surtout à cause de son fils Saschka.

Et Marga ? Elle ne s’agitait point ; elle se bornait à sourire en regardant tantôt Sascha, tantôt son fils ; puis elle laissait errer ses grands yeux bleus dans la chambre simple et proprette.

Quand on avait pris le café, elle parcourait d’abord le petit jardin, puis toute la maison, en promenant des regards curieux et étonnés sur tout ce qui l’entourait ; et tout lui semblait si bon, si gai dans ces relations amicales au milieu de cet entourage modeste et con-