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Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/69

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SASCHA ET SASCHKA.

qu’ai-je dit là ? Pourtant je voudrais pouvoir vous témoigner ma reconnaissance, et je ne sais comment le faire.

— Je ne veux aucune récompense de votre part, s’écria Saschka.

— Que voulez-vous donc alors ?

— Ce que vous ne pouvez point me donner.

— Mon cœur ? » Elle regarda le jeune homme avec un sourire plein de bonté et de tendresse. « Je ne puis point vous le donner, Saschka, attendu qu’il vous appartient déjà.

— Marga ! »

Saschka se jeta à genoux devant elle, et Marga passa vivement ses bras autour de lui, puis ils s’embrassèrent à plusieurs reprises.

« Je vous appartiens, dit la jeune fille d’un ton modeste et avec calme : nul autre que vous n’aura ma main. Vous pouvez donc compter sur moi ; mais c’est à vous maintenant d’obtenir le consentement de mes parents : ce qui ne sera pas facile.

— Si vous avez confiance en moi, Marga, répondit Saschka avec sincérité, et si vous ne perdez point patience, j’y parviendrai sûrement, car, pour vous conquérir, le monde entier ne m’effrayera point. Il me faudra lutter, je le sais, mais je serai intrépide et persévérant tant que vous vous tiendrez à mes côtés.

— Voici ma main, dit Marga ; encore une fois, pour la vie ! »

Saschka la baisa de tout son cœur, puis il reprit la jeune fille dans ses bras.