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Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/75

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SASCHA ET SASCHKA.

témoigna son mécontentement au sujet de ce qui s’était passé, mais dame Zagoinska promit complaisamment de lire toutes les œuvres de Voltaire ; et, comme Marga déclara que l’image miraculeuse d’Olida ressemblait bien plus à une princesse nègre qu’à la reine des cieux, la paix fut bientôt rétablie.

La fin des vacances approchait. Pendant les derniers jours Saschka fut remarquablement silencieux, et souvent il lui arriva de prendre place près de la table ou sur le divan à côté de son père, comme s’il eût quelque chose à lui dire, sans qu’aucune parole lui vînt sur les lèvres.

Il arriva qu’un jour le père et le fils se rendirent une fois encore ensemble dans la forêt. Saschka, prenant enfin une grande résolution, fit à son père l’important aveu de son amour pour Marga.

« Je le savais déjà depuis longtemps, répondit Sascha en souriant ; crois-tu donc, mon enfant, que je puisse rester dans l’ignorance au sujet de ce qui te préoccupe, que ce soit heureux ou malheureux ? Mais elle, t’aime-t-elle aussi véritablement, en toute sincérité ?

— J’en suis persuadé.

— Moi aussi, dit le père ; comment pourrait-elle ne pas t’aimer ? Je vous donne ma bénédiction ; ta mère acquiescera aussi à votre mariage ; mais les parents de Marga, ce sont des Polonais, des nobles et des gens riches, ils ne vous donneront point leur consentement.

— Marga est courageuse et résolue, répondit le fils, elle sait tout aussi bien que moi que nous devrons sou-