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Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/97

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SASCHA ET SASCHKA.

Quand le soleil eut disparu et que la lune se montra dans le jardin, derrière les toits de chaume du village, la comtesse proposa de se rendre à l’étang voisin et d’y faire une promenade en barque.

Tout le monde acquiesça à sa proposition, et, après que Kasimira eut choisi Bartezki pour chevalier, les autres messieurs se hâtèrent d’offrir aux dames leurs services.

Au moment où Saschka présentait son bras à sa bien-aimée Marga, le baron se glissa entre elle et lui.

« Pardon, dit froidement Saschka ; j’ai offert avant vous mon bras à mademoiselle.

— Si vous cherchez à vous imposer, s’écria le baron, voudriez-vous encore en conclure que cela vous donne des droits ?

— Je vous prie. »

Saschka était devenu blême jusqu’aux lèvres.

« En fin de compte, que venez-vous chercher ici ?

— Dans tous les cas je ne suis pas venu y chercher quelqu’un qui vous ressemble », repartit l’étudiant.

Karol sépara vivement les adversaires. Marga jetait des regards perplexes tantôt sur Saschka, tantôt sur le baron.

« Ne m’empêchez donc pas, s’écria celui-ci, de donner une leçon à ce mendiant vagabond, à ce fils de pope.

— Ce n’est point ici le lieu où je puisse vous châtier, répondit Saschka avec calme et fierté. Je saurai bien vous retrouver. »

Il saluait poliment la société et se hâtait de s’éloi-