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Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/280

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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


par entrer dans le rôle dont on lui laisse le mérite. La marquise, également circonscrite, se résout à abandonner l’administration de fait qu’elle exerce avec Gaufridy. Elle écrit à l’intendant et, sans rien dévoiler encore, lui pose certaines questions qui l’inquiètent. Elle l’assure qu’il n’y a rien pour lui, qu’il saura à quoi s’en tenir dans quelques mois, que rien ne sera changé, hormis les facilités nouvelles qui lui seront données, et lui fait connaître enfin qu’il est question de recourir à un avis de parents pour organiser la curatelle des biens de l’absent.

Pendant son séjour à Paris, le commandeur est d’ailleurs travaillé de toutes les façons. Il a fait ou refait connaissance de son petit-neveu, le chevalier. Il a été, dit-on, fort satisfait de lui et a promis de lui faire du bien. On attend beaucoup de cette promesse et, s’il devient grand prieur, plus encore. Le fils aîné du marquis, qui a passé de Lorient à Belle-Isle, est retenu dans sa garnison par le service du roi et ne peut venir à Paris. Cette contrainte, qu’on affecte de déplorer, est sans doute fort heureuse, car la vue de trop de neveux à pourvoir aurait effarouché le vieil homme.

Le commandeur revient à Saint-Cloud, mais repart bientôt pour Marseille avec de l’argent pour les besoins de l’auberge qu’il va tenir à Malte. On donne le nom d’auberges aux maisons où vivent les chevaliers pendant le temps de leurs caravanes, et ceux qui aspirent aux premières dignités de l’ordre doivent tenir à honneur d’en assurer l’entretien. L’effort que le commandeur se résout à faire lui assurera le grand prieuré de Toulouse. On pense même qu’il n’aura pas à tenir auberge plus de trois ou quatre mois. Si court et si profitable que soit ce sacrifice, nous verrons cependant qu’il n’entend pas le faire seul !

Lions-le-sage est vieux et impotent, et son fils puîné fait les affaires d’Arles sous son nom. Il a meilleure plume que son père et le même esprit exact et propre.

L’affaire du greffe et du notariat de Mazan n’est point vidée. Mais l’incapable nommé par le vice-légat va être révoqué et c’est finalement le fils de Ripert et son associé Maillet qui auront les places. Ainsi l’a voulu la tante de Villeneuve à qui l’on est heureux de donner une satisfaction qui ne vide les poches de personne.

On entend encore parler de procès, mais ils sommeillent ou s’arrangent. Les créanciers ne font plus entendre qu’une lointaine rumeur. Quelques vassaux, par contre, menacés de l’huissier, répondent par des prétentions nouvelles ou des impertinences.