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Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/304

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1789


« Les états généraux, écrit la marquise, feraient un grand coup s’ils s’occupaient sérieusement de tout et de la liberté des citoyens. » Madame de Sade ne sépare pas la cause de son mari de celle du public. Son état d’esprit est celui de la plupart des privilégiés : ils veulent sincèrement le bien, mais ils ne sont novateurs que dans les cas d’espèces. Une métaphysique tout opposée va faire régner un autre excès.

Le chevalier débarque inopinément à Marseille. Une mouche l’a piqué et il veut voir son grand-oncle. La marquise se montre fort effrayée de ce coup de tête ; elle écrit aussitôt à Gaufridy, le supplie de montrer sa lettre à son fils, de lui faire entendre le danger d’agir à la chaude « et de préférer quatre à trente. » La lettre arrive trop tard ; Gaufridy a déjà donné l’argent du voyage et le chevalier rejoint le grand prieur aux eaux, après une courte visite à la Coste, où il manque de se tuer dans une chute de cheval en allant voir M. de Murs. L’oncle est content de sa venue, mais déclare qu’il ne le gardera pas longtemps. Il lui remet vingt louis (dont il s’excuse peu après, sur le désordre de son prieuré, de demander le remboursement) et lui promet de le rappeler l’hiver prochain avec son frère. « C’est alors qu’on s’amusera ! » Ce voyage n’a été, en somme, qu’une occasion de dépense et le chevalier ne persévère pas dans la répugnance à faire ses vœux qui semble l’avoir inspiré. À peine arrivé à Paris, il écrit à son oncle qu’il est bien résolu à profiter de ses bontés pour la commanderie, mais il a fait, néanmoins, quelques réflexions. Il n’attend plus grand chose du grand prieur, malgré ses promesses, et part pour Grey, où il va rejoindre son régiment, préoccupé surtout de la façon dont on dressera son chien qu’il a laissé à la Coste. Trois mois plus tard, il ne s’estime pas encore commandeur, en dépit de la réception de son bref.

Tout est prêt à Paris pour les états généraux. « Dieu veuille que