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Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/338

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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


de Langlois, et que je retrouve par un moyen simple qui n’ôte rien, ou que fort peu de chose, à l’existence de ce Langlois……

Croyez, mon cher avocat, que cet arrangement, qui peut-être vous paraît bizarre au premier aperçu, a été communiqué ici à quelqu’un de fort raisonnable qui l’a trouvé fort simple et fort juste. Je vous conjure de le faire réussir.

Ainsi soit-il, et parlons d’autre chose……


Le marquis demande des meubles pour garnir « son dernier asile » ; il se prépare à plaider de nouveau contre madame de Sade, guigne l’héritage d’une cousine et veut son argent à jour dit. (26 novembre 1790).

……Il va donc peser énormément, mon cher avocat, ce terrible envoi ? Je m’en doute, mais en dédommagement que de choses je dois trouver là-dedans pour me meubler, et combien j’ai besoin de tous ces objets, dans un moment comme celui-ci, où j’arrange et meuble pour mon dernier asile une petite bicoque assez gentille que je destine à recevoir enfin mes derniers soupirs ! Oui, avocat, il y a un jardin, et je serai enterré dans ce jardin ; on y construit déjà mon mausolée. Je vous verrai pourtant auparavant, je l’espère au moins, car il me paraît à peu près certain que j’irai vous voir cet été……

Je conçois facilement avec vous que monsieur Reinaud doit avoir été piqué d’être le médiateur d’un arrangement où la mauvaise foi, la rapacité, la coquinerie ont présidé avec tant d’arrogance, mais qu’il soit bien persuadé que je ne lui en veux pas ; je lui rends trop de justice pour cela. C’est le lot des bonnes gens d’être dupes ; il vaut mieux l’être que fripon, la conscience nous dédommage et la pureté de son organe est tout pour l’honnête homme. Tant y a que je vois avec douleur toute la procédure prête à recommencer. Je vous envoie copie ci-jointe du compte que ces originaux-là me donnèrent, et vous verrez quelle différence ! Si pourtant, en réalisant bien, vous trouviez[1] que mes biens peuvent aller presque aussi haut qu’ils le disent dans cet état (ce que je vous avoue être aussi fort porté à croire) il faudrait alors me le dire, afin que je ne commence pas à plaider en vain……

Je crois que je vais vous envoyer le chevalier en Provence. Madame de Villeneuve paraît désirer ou lui ou moi pour ménager la succession de madame de Raousset. Elle dirigera dans cette opération celui des deux qui ira. Je trouve ce procédé fort honnête à elle. Ce n’est pas que madame de Raousset aille mourir, mais sa tête baisse, dit-on ; il faudrait ménager sa bonne volonté et ses intentions, et pour cela, dit madame de Villeneuve, il faut profiter du temps où le mari est absent. Elle ne répond plus de sa

  1. « Trouvassiez », dans le texte. Plus loin : « commençasse ».