Aller au contenu

Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/500

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion


AN VIII


Le marquis fait envoyer ses lettres chez un sieur Brunel, restaurateur, rue Satory, no 100, à Versailles. Il court après son argent et fuit devant ses dettes. Il ne reçoit plus de nouvelles de Fabri et craint qu’il n’ait appris qu’un de ses confrères faisait la même chasse que lui. Il faut affirmer, dans ce cas, que son concurrent était dans l’affaire avant que Gaufridy lui en ait parlé. « Ainsi sa délicatesse serait très mal fondée ». Du reste « Lambini-Fabri » n’a rien fait à temps et M. de Sade vient d’apprendre qu’une loi levant les séquestres allait être mise en vigueur ; personne n’aura droit aux six cents livres qu’il a promises à celui qui lui obtiendrait cet avantage.

M. de Sade, avec l’assentiment de l’avocat, donne la régie de la Vignherme et l’exaction des rentes de Saumane au citoyen Bourges qui l’a fort bien servi, mais ses procès de Piedmarin le tracassent. Comme toujours, il reçoit des lettres où le rôle que les Gaufridy ont joué dans cette affaire est perfidement présenté. C’est mal connaître la fermeté de son caractère que de l’attaquer par cette voie, mais il est bien vrai que tous ces procès le discréditent dans le pays et lui rendront désormais toute transaction impossible. Aussi songe-t-il sérieusement à se défaire de ses possessions de Mazan, et si, comme on a voulu le lui dire, le marchand de bois contre qui il plaide connaît un acquéreur, il faut faire la paix avec lui et prendre son homme. Et surtout qu’on ne mette plus la famille en avant ! Le comte est un scélérat profond qu’un député a jeté à la porte « pour les infamies qu’il se permet envers son père. »

Le marquis est toujours sol à sol. Charles lui écrit qu’il a de l’argent à lui, mais il se garde bien de l’envoyer. Il a commis la sottise de payer l’emprunt forcé sur la taxe qu’en a faite le jury, alors que les terres saisies par la nation ne doivent évidemment ni cet impôt ni aucun autre. Le jeune Gaufridy, qui ne reste jamais sur un reproche, mais qui a un peu de louche dans la cervelle, se justifie par une lettre pleine de