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Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/508

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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


Le marquis assure que l’avocat s’est perdu dans l’esprit du citoyen Cazade par la réponse qu’il lui a faite et lui donne un moyen honnête de se réhabiliter dans le sien. « Saint-Ouen, ce 15 germinal. »

……Votre lettre à M. Cazade est un monument d’entortillage, de jésuitisme, de mensonge, de sophisme et de mauvaise foi qui vous a totalement perdu dans l’esprit de cet honnête homme. Comment un homme de loi (ne prenez-vous pas ce titre ?) ose-t-il dire, quand il est chargé de l’exaction d’un revenu : « Votre fermier doit, mais il ne veut pas payer. » Mais malheureux légiste, fais-le payer ! Pourquoi es-tu là ? Pourquoi as-tu ma procuration ? Et, si tu ne l’exerces pas, n’est-il pas clair que mon fermier te paie pour que tu ne le presses point ?

« Si je presse, osez-vous répondre à cela, ce sera donner l’éveil aux créanciers. » Eh ! faites-la vous-même la saisie-arrêt que vous craignez ! Rendez-vous créancier, le fermier ne paiera pas à d’autres !


Le marquis déclare à Charles Gaufridy qu’il n’entend pas être pris pour un imbécile et accuse, pour la seconde fois, l’avocat d’être acheté par les fermiers. « Saint-Ouen, ce premier mai. » (12 floréal).

……Je vais faire intenter une action contre votre père si je n’ai pas, à l’époque dite, la somme indiquée parce que votre père, à qui je n’ai délégué que le pouvoir de faire payer mes fermiers, n’a pas celui d’écorner, de retarder mes paiements, le tout pour obliger des coquins qui, sans doute, le gratifient largement pour cela. Non, monsieur, non ce n’est point ainsi que l’on se conduit quand on a la probité pour base de ses actions, et, si cette vertu n’est pas votre boussole, je dois alors prendre mes précautions et je les prendrai. C’est de quoi je vous prie de recevoir ma parole sacrée…… En vérité, quand vous me parlez affaire, vous vous imaginez entretenir un idiot et vous croyez qu’il n’y a, sans doute, personne à Paris qui puisse démêler toutes vos finesses et ne pas m’en faire apercevoir. Allez, monsieur croyez qu’elles sont trop grossières, vos finesses, pour n’être pas à l’instant démêlées et pour n’en être pas à l’instant blâmé par tous les honnêtes gens…… Certes vous nous prenez donc ici pour de fières bêtes, il faut espérer que nous vous prouverons que nous ne le sommes pas tout à fait autant que vous pouvez bien le croire…… Eh ! monsieur, monsieur, je vous en conjure, ne me prenez donc pas pour un imbécile et ne faites pas lever les épaules de pitié à ceux à qui je communique vos inconcevables raisonnements ; ayez, au moins, un peu plus d’amour-propre !……


Le marquis ne se tient pas pour battu, malgré la démission de l’avocat ; il veut que celui-ci reste à la tête de ses affaires et qu’on s’embrasse de bon cœur. (9 prairial).

Je ne me tiens pas pour battu, mon cher avocat, et je reviens à la