Aller au contenu

Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
CORRESPONDANCE INÉDITE DU


où elle est aurait d’autres inconvénients. Un couvent, jusqu’à ce qu’on puisse la rendre avec sûreté quand tout sera calmé, me paraît le mieux. Couvent choisi ou personne sûre dans un lieu isolé, où on en puisse répondre, et de bons procédés si elle ne caquette pas, lui persuadant qu’elle est la première intéressée à ne rien dire parce que ce qu’elle dirait lui serait désavantageux et lui ferait tort par la suite……

Il y a trop d’aigreur entre les proches de M. de Sade et ma fille pour espérer qu’ils puissent jamais marcher d’accord. M. l’abbé de Saum… surtout. D’ailleurs ils ne défèrent à rien de ce que j’avais eu l’honneur de leur demander, quoi que ce fût des démarches bien combinées et bien réfléchies dont il n’était pas à propos de détailler les raisons par écrit. Ils nous font l’honneur de nous prendre pour des imbéciles, apparemment. Quoi qu’il en soit je suivrai avec activité tout ce qu’il faudra faire pour la réhabilitation de l’honneur et la conservation des biens……


La marquise est mécontente de l’abbé de Sade et demande à l’avocat de venir arranger les choses avec la femme Desgranges qui menace de quitter la Coste sans avoir rien promis. (14 mars 1775).

……Ma mère est furieuse contre M. l’abbé de Saumane de ce que, conservant toujours sa stoïque tranquillité, il n’ait pas encore voulu faire le voyage d’Aix tandis qu’elle lui avait formellement mandé de le faire. Cet acharnement à ne vouloir pas servir son neveu est par trop ridicule et le démasque trop complètement et justifie bien tous nos procédés envers lui. Je voudrais bien que vous trouvassiez le secret de lui faire comprendre et passer tous les sentiments de ma mère à cet égard. Au reste, vous ne parlez point du tout d’être ici mardi soir, comme je vous en ai supplié, pour terminer l’affaire de cette femme qui veut absolument partir mercredi…… De grâce soyez mardi soir ici ou tout est perdu et, en y venant, n’oubliez pas d’apporter la lettre de monsieur du Vignos[1], ou sans cela on nous traînera encore du côté du couvent et jamais cette chienne d’affaire ne finira……

Mademoiselle Gothon vous prie de lui apporter des gants à choisir, mais, pour Dieu ! ne nous laissez pas dans l’embarras avec cette femme et venez mardi au soir avec la lettre de monsieur du Vignos. Je vous envoie le cheval que vous garderez pour cela.

Vous voudrez bien mettre les lettres sous une enveloppe, afin que la femme ne puisse pas les voir et nous faire enrager jusqu’au moment de votre arrivée. Peut-être que quand elle vous verra, pour vous faire plaisir, elle attendra quelques jours encore. Mais il faut absolument que vous lui parliez.

  1. Ou peut-être Duvignol, procureur du roi à Apt.