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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/101

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n’est pas que son cœur y fût compromis, après les procédés de monsieur de Blamont ; il serait difficile, sans doute, que sa femme pu l’aimer bien affectueusement, et d’ailleurs leur âge est si différent ! mais qu’on aime ou non son mari, on n’en partage pas moins tous ses torts, et les vices qui se trouvent en lui, n’en affligent pas moins notre orgueil. Les chagrins que ce sentiment blessé, peut faire naître, sont peut-être aussi cuisans que ceux que nous donne l’amour… je ne le crois pas cependant, et comme il n’est pas de sensation plus vive que celle de l’amour, il ne peut en exister dont les tourmens puissent devenir aussi sensibles… Je ne sais… je ne suis plus si gaie, il me passe tout plein de nuages dans l’esprit ; mon père nous a fait espérer du repos cet Été. Mais s’il ne changeait d’avis, s’il arrivait avec son cher d’Olbourg… Eugénie le craint, j’en frisonne… Ô mon cher Valcour ! je l’ai dit à ma mère ; mais si cet homme arrive, je fuis… qu’il ne compte pas sur ma présence, je ne résisterais pas