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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/224

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damne ; car enfin, quelques soient les vices du peuple dont vous parlez, au moins lui en supposez-vous ? et ces vices, quelqu’ils puissent être, ils les évitent, ils les punissent : voilà donc des freins reconnus, en raison de la sorte de climat ou de gouvernement ; faisant tant que d’être nés dans celui-ci, pourquoi n’en pas également adopter les principes ? — Mais c’est qu’il n’y a rien de réel. — Non, lorsque l’on s’aveugle ; mais je vous réponds que, pour moi, je n’ai besoin ni d’argumens, ni de dissertation pour me convaincre du véritable caractère d’une chose, pour m’y livrer si elle est bien, pour la détester si elle est mal. — Et quel est donc ce guide infaillible ? — Mon cœur. — Il n’est point d’organe plus faux, on en fait ce qu’on veut de son cœur, et je vous réponds qu’à force d’en étouffer la voix on parvient bientôt à l’éteindre. — Cela suppose au moins un instant où on l’entendit malgré soi. — D’accord. — On a donc été vertueux quand cette voix se faisait comprendre,