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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/29

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Déterville à Valcour.

plat. On le remboîta dans sa perruque ; la cravate fut artistement renouée ; Eugénie reparut, et l’annonce du souper vint heureusement tout remettre en ordre, en obligeant chacun à ne plus s’occuper que d’une même idée.

Les politesses marquées du Président au petit homme, l’assurance ultérieure que je reçus, qu’il avait cent mille écus de rente, ce que j’aurais parié sur sa figure ; la contrainte d’Aline, l’air souffrant de madame de Blamont, les efforts qu’elle faisait pour dissiper sa chere fille, pour empêcher qu’on ne s’aperçût de la gêne dans laquelle elle était ; tout me convainquit que ce malheureux traitant était ton rival, et rival d’autant plus à craindre, qu’il me parut que le Président en était engoué.

Ô mon ami, quel assemblage !… Unir à un mortel si prodigieusement ridicule, une jeune fille de dix-neuf ans, faite comme les Grâces, fraîche comme Hébé, et plus belle que Flore ! À la stupidité même oser sacrifier l’esprit le plus tendre et le plus agréable ; adapter à un volume epais de matiere l’âme la plus déliée et la plus sensible ; joindre à l’inactivité la plus