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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/308

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en vain la source de mes pleurs, elles coulent malgré moi… Mille nouvelles idées me tourmentent… Si vous êtes malheureux, c’est ma faute, je ne devais pas laisser naître en vous une passion que je ne pouvais couronner ; je ne devais vous laisser connaître ni Aline, ni sa triste mère ; aujourd’hui nous aurions tous bien des chagrins de moins, et l’on ne se console jamais de ceux qu’on donne aux autres… Mais tout n’est pas désespéré…; non Valcour, tout ne l’est pas, recevez encore un peu d’espoir de votre bonne et sincère amie, de celle qui désirerait avec tant d’ardeur mériter ce titre avec vous… Non, Valcour, tout n’est pas perdu… Ce barbare époux peut réfléchir, ce monstre qui le suit partout, et qui vous persécute avec tant de furie, sentira peut-être qu’aucuns des plaisirs qu’il espère ne peuvent se rencontrer avec celle qui n’a pour lui que de la haine, j’ai besoin de le penser et de le croire ; l’illusion est à l’infortune, comme le miel dont on frotte les bords du vase rempli de l’ab-