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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/320

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est entraîné par lui. Perfide effet du vice !… Je le haïssais tant, que je croyais que pour séduire, il lui fallait au moins des charmes, je me trompais, grand Dieu ! vous le voyez, il y réussit en n’offrant à nud que sa laideur.

Vous me demandez, mon ami, si l’amour avait autant de part que la décence au mouvement qui m’a fait fuir ? ah ! comment voulez-vous que je puisse distinguer entre ces deux effets… Ce que je crois…, ce que je sens, c’est que l’amour les réunit, les confond tous si bien en moi, qu’il n’est pas une seule pensée de mon esprit, pas un seul mouvement de mon cœur qui ne soit dû à ce premier sentiment ; il dirigera toujours tous les pas que vous me verrez faire, et quand vous exigerez de moi de vous dévoiler des motifs ; je ne vous offrirai jamais que mon amour.

J’ai bien pleuré cette pauvre Sophie, quels revers !… Hélas ! elle se croyait ma sœur, aujourd’hui la voilà fille d’une paysanne trop indigne d’elle pour qu’on