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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/42

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Valcour à Aline.

pour moi sur la terre… Mais je vous écrirai du moins… Vous me le permettez ?… Je le pourrai… Hélas ! c’est une consolation sans doute, mais qu’elle est loin de celle que je désire… qu’elle est loin de celle qu’il me faut… Et quand sera-t-il ce voyage ? quoi, je ne vous verrai pas avant qu’il s’entreprenne, et pour la première fois de ma vie, depuis trois ans que je vous connais, je passerais une saison entière éloigné de vous ?… Ordre barbare !… père cruel ! adoucissez-le, Aline, ce terrible et funeste arrêt… Que je puisse vous voir encore un seul jour… une seule heure, hélas ! je ne veux que cela pour vivre un an ; je recueillerai dans cette heure précieuse, tout ce que mon âme aura besoin de sentimens pour la faire exister des siècles… Mère adorable, souffrez que je vous implore, c’est à vos pieds que cette grâce est demandée… Rappellez cette indulgence si active et si tendre, qui vous caractérise sans cesse ; cette bonté, cette humanité qui vous rend si sensible au sort amer de l’infortune. Hélas ! vous n’aurez jamais secouru de malheureux dont les maux fussent plus cuisans. Que la nature m’accable