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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/45

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Aline à Valcour.

Notre voyage à Vert-feuille est décidé : mon père trouve bon que nous allions, ma mère et moi y passer la belle saison, ses affaires l’obligeant à rester tout l’été à Paris : il nous laissera seules et tranquilles ; mais je ne vous cache pas, mon ami, qu’une des clauses de cette permission est que vous n’y paraîtrez pas. Jugez, d’après cette sévérité, s’il serait possible de vous accorder l’heure que vous sollicitez avec tant d’instance ?

À l’envie que ma mère avait de savoir du Président par quelle raison vous lui étiez devenu, dans l’instant, si suspect, il a répondu :

« Qu’il ne s’était jamais imaginé, quand on vous présenta chez lui, que vous osassiez porter vos vues sur sa fille ; qu’au seul titre de connaissance et d’ami de société, il n’avait pas mieux demandé que de vous accueillir ; mais que s’étant enfin aperçu de nos sentimens mutuels, cette fatale découverte l’avait déterminé à se choisir promptement un gendre qui enleva à un séducteur sans bien l’espérance de détourner sa fille de ses devoirs, et qu’il n’avait rien trouvé de mieux que M. d’Olbourg