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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/73

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de rente, furent tout ce qu’il me fut possible de recueillir des quatre fonds qui valaient jadis plus de cinquante mille livres annuels. Il fallut bien se contenter, et hasarder de reparaître enfin. Je l’ai fait sans aucun risque, et il devient chaque jour plus que probable, que je ne serai jamais poursuivi pour ce duel. Mais cette catastrophe affreuse n’en sera pas moins toute ma vie gravée en traits de sang dans mon cœur. Mon emploi n’en est pas moins donné, mes biens n’en sont pas moins dévastés… tous mes amis n’en sont pas moins perdus… Malheureux que je suis ! est-ce donc après tant de revers que j’ose prétendre à la divinité que j’adore ?… Aline, oubliez-moi… abandonnez-moi… méprisez-moi… ne voyez plus dans votre amant, qu’un téméraire indigne des vœux qu’il ose former. Mais si vous me tendez une main secourable, si vous accordez quelque retour au sentiment dont je brûle pour vous, ne jugez pas mon cœur sur les travers de ma jeunesse, et ne redoutez pas l’inconstance où vous avez allumé les