Aller au contenu

Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LETTRE XLVIII.


Léonore à Madame de Blamont.


Rennes, ce 22 janvier.



Je croirais manquer à tout ce que je vous dois mon aimable maman, si je ne vous faisais part de l’heureux commencement de toutes nos démarches. Mon retour en Bretagne a surpris un grand nombre de gens, et en afflige quelques-uns. Une foule de petits cousins obscurs, qui emportait en détail la succession de la comtesse de Kerneuil, trouve très-mauvais que je vienne la déposséder, et ces malheureux campagnards s’en désespèrent d’autant plus amèrement qu’ils ne voient aucun jour à pouvoir soutenir encore leurs ridicules prétentions, rien ne m’amuse autant que le bouleversement de ces petites fortunes dissipées par ma présence, comme l’aquilon renverse ces plantes parasites qu’un jour voit naître et qu’un instant détruit. Vous allez me dire