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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/187

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que j’éprouve ? Il y aurait de ma part un défaut de raisonnement impardonnable… Quand vous cédez au sentiment de la pitié plutôt qu’aux conseils de la raison, quand vous écoutez le cœur de préférence à l’esprit, vous vous jettez dans un abîme d’erreurs, puisqu’il n’est point de plus faux organes que ceux de la sensibilité, aucuns qui nous entraînent à de plus sots calculs et à de plus ridicules démarches. — Oh, monsieur ! laissez-moi être sotte toute ma vie, si on l’est en écoutant son cœur ; jamais vos cruels sophismes ne me donneront le quart des plaisirs que me procure une bonne action ; et j’aime mieux être imbécile et sensible que de posséder le génie de Descartes, s’il me le fallait acheter aux dépends de mon cœur. — Tout cela dépend des organes, a répondu le président, ces différences morales sont entièrement soumises au physique… Mais ce dont je vous supplie, c’est de ne jamais conclure, comme je sais que cela vous arrive quelquefois, qu’on soit un monstre parce