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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/196

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pas par siècle dix condamnations à mort, si la collection des juges était pendant ce siècle entièrement composée d’honnêtes gens ; au lieu de soutenir, comme ces faquins-là font, qu’il faut toujours supposer qu’un individu coupable une fois d’une sorte de délit, le sera toute sa vie du même genre, ce qui est un paradoxe abominable, j’oserais affirmer qu’un homme au contraire réprimandé ou puni pour une sorte de crime quelconque ne le recommettra sûrement de sa vie… Voilà l’opinion des bonnes gens, l’autre est celle de ceux qui se connaissant méchants, et capables par conséquent, de récidive, imaginent que les autres doivent leur ressembler, et de telles êtres ne doivent pas juger les hommes. Ils jugeront toujours sévèrement… Or, la sévérité est fort dangéreuse ; il vaut infiniment mieux, sans doute, sauver un coupable, par trop d’indulgence que de condamner un innocent par trop de sévérité. Le plus grand danger de l’indulgence est de sauver le coupable. Il est léger ; l’inconvénient