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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/208

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entr’ouvrait la porte à tous les vices, et qu’il creusait enfin l’abyme où ses systèmes allaient le plonger… Dans quelle classe est-il le malheureux, nous arrachant l’idée de l’être juste qui récompense le bien et qui punit le mal ? est-il opulent ?… domine-t-il ses semblables ? Qu’il tremble,… qu’il frémisse, dès qu’il a brisé le frein de celui qu’il veut enchaîner, ennuyé de ses fers, révolté du joug qui l’écrase, dès qu’il n’est plus de Dieu, que risque-t-il cet esclave infortuné ? Quels dangers courre-t-il à plonger un poignard dans le sein du despote orgueilleux qui veut le maîtriser ?… Est-il inférieur ou pauvre, ce sectateur impie des sombres chimères de l’athéisme ?… Qui le secourera dans sa misère ? Qui allégera ses tourmens ? Qui tournera vers lui une main compatissante, dés qu’il enlève aux hommes l’espoir d’être récompensés du bien qu’ils auront fait ? Mais cette servitude dont il se plaint, ces fléaux contre lesquels il se dépite, pourquoi ne redoubleroient-ils pas, sitôt que le tyran qui les