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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/278

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je ne l’aurais pas dû ; il m’eût fallu regarder ce qui m’arrivait, comme des volontés du ciel ;… chaque dépit était une révolte dont je devrais m’accuser comme d’un crime ;… peut-être aussi suis-je coupable de trop d’amour-propre, mais cette chère Aline en est cause… Je me suis trouvée long-temps fière d’avoir pu lui donner le jour ; et comme toute ma tendresse était en elle, j’y plaçais aussi mon orgueil. L’extrême amour que j’ai eu pour cette fille, m’a sans doute distrait de celui que je ne devais qu’à Dieu : Son bonheur était mon unique occupation ; je regardais la possibilité de le faire, comme la consolation de tous mes maux… Je n’ai pas réussi, il fallait encore que cette croix-là me fût offerte ; il fallait que la coupe des douleurs fût avalée jusqu’à la lie ! Je la laisse jeune et sans secours,… en proie à des malheurs qui me font frémir pour elle,… et je n’y serai plus pour les écarter de ses pas :… elle n’aura plus ma main pour essuyer les larmes qu’ils arracheront de son