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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/292

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nous quittent-ils, c’est un bonheur sans doute, et nous ne devons pas nous en affliger. — Mais supposons un moment que cette douleur ne soit que pour nous, instinct délicieux d’une ame tendre, n’est-il pas barbare de lui résister ? — Le vrai philosophe se fait aux privations, et ne doit être affecté d’aucunes. Je ne vous accorde pas d’ailleurs que cette extrême sensibilité soit un bien, il me serait peut-être bien

    à souffrir dans le séjour qu’il allait faire dans le monde ; ces mêmes peuples se réjouissaient à la mort de leurs amis ou de leurs parens, tous ceux qui assistaient à la cérémonie ne s’entretenaient que du glorieux échange, par lequel le défunt avait quitté une vie sujette à tant de misères, pour entrer dans l’état d’une parfaite félicité ; ensuite, on jouait, on chantait, on se régalait pendant trois jours. Il reste encore des traces de cette coûtume dans presque toutes les villes du nord de l’Allemagne.