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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/297

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idéal de vertu ? — Heureux ? Ils ne peuvent l’être, le vrai bonheur n’est que dans la vertu, et les remords des coquins dont vous parlez, au défaut du glaive de Thémis, doivent nous venger de tous leurs crimes. — Des remords, vous me faites rire ; ah ! croyez que l’habitude du mal les énerve depuis long-temps dans de telles ames ; celui de ces gens-là qui en connait encore à la seconde chûte, n’est qu’un sot que ses confrères devraient à l’instant dépouiller, et qu’ils persiflent cruellement au moins, s’ils n’osent le molester d’une différente manière ; mais tenez, monsieur, je vois que nous ne nous accorderons pas de la soirée, ordonnez, je vous prie, qu’on nous serve ; je n’ai point dîné pour venir plus vite, et j’ai un appétit dévorant. Nous philosopherons au dessert si cela vous convient…

Je donnai des ordres, il se mit à table et soupa avec une tranquillité, qui me fit voir qu’il fallait que ce scélérat eût acquis une furieuse habitude du crime, pour se trouver