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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/306

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me ferez venir ; Eugénie et moi, nous nous chargeons de vous ; nous vous sortons de France, nous vous remettons dans les bras de l’époux que vous destinait votre mère, et nous vous y faisons jouir en paix de la fortune qu’elle vous laisse… L’ombre la plus légère du bonheur est si flatteuse pour un cœur au désespoir ! Cette chère fille tomba dans une douce rêverie, je lui demandai ce qu’elle avait. — Ô Déterville ! me dit-elle, vos procédés me rendent confuse, mais permettez une réflexion, mon ami, s’il est vrai que vous ayez envie de m’arracher aux maux qui me menacent comme vos touchantes bontés m’en répondent, pourquoi l’effet de vos soins ne commencerait-il pas dès ici, pourquoi ne m’évitez-vous pas cet affreux voyage avec mon père ? — Cela se peut-il, répondis-je avec douceur, votre père est ici, de ce moment vous êtes en sa puissance… Si vous disparaissez, c’est moi qui vous enlève, et vous perdez, sans vous sauver par cette démarche, le seul ami qui vous puisse servir ; si vous partez de Bla-