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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/313

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Ma vertueuse amie, dis-je au bout d’une demie heure de cette cruelle visite, il faut partir, cet instant va vous affliger encore, il vaudrait presque mieux que nous ne fussions pas venus… Elle frissonna, on eut dit que j’arrachais la partie la plus sensible de son ame, mais toujours ferme et courageuse, après avoir renouvellée une dernière fois ses baisers aux mains et au front, elle s’incline respectueusement et sort en pleurs, la tête cachée dans mes bras… Je l’embrassai dès que nous fûmes dehors, je suis bien plus content de vous que je ne l’aurais cru, lui dis-je, ceci me remplit d’espoir pour la suite… Oh ma chère amie ! de la force, il en faut, de la prudence, de la sagesse et soyez sûre que nous réussirons…

Nous rentrâmes dans sa chambre ; elle me demanda où serait enterrée sa mère, avec une sorte d’émotion qui m’allarma ; je lui fis part des dernières dispositions de la défunte ; et quand elle vit que madame de Blamont désirait expressément