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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/331

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ville, qui s’est expliqué devant moi, a dit ce me semble, que pour légitimer votre fuite il ne fallait que trouver des torts à monsieur votre père. Ses propos,… ses projets d’aujourd’hui, tout cela n’annonce-t-il pas des horreurs… Julie, me dit cette inestimable maîtresse, tu ne sais pas ce que c’est que d’accuser son père ? Tu ne sens pas ce qu’il en coûte à une ame comme la mienne, pour divulguer des torts de cette espèce, dans celui de qui je tiens le jour ; j’aimerais mieux mourir que d’oser une telle chose ; et dans tout ceci, d’ailleurs, il n’y a encore rien de réel, rien que je puisse prouver, et rien qu’il ne puisse combattre… Ô ma chère amie ! espérons, ceci ira peut-être mieux que tu ne crois, j’attends tout de Dolbourg… Quoi qu’il en soit, ajouta-t-elle, en me saisissant la main, avec un air qui me fit frémir, ne crains rien Julie, je ne trahirai jamais l’amant que j’aime ; je ne ferai jamais d’autre choix que celui de ma mère ; et s’il faut une victime à ces monstres, voilà la