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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/349

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remplis, elle se calma ; nous causâmes deux ou trois heures avec tranquillité, elle paraissait inquiète du sort de Sophie, elle ne concevait ni comment elle était venue dans ce château, ni pourquoi son nom se trouvait dans cette chambre, comme elle ne savait pas la fuite d’Augustine, ni les soupçons affreux que cette aventure nous avait inspirés ; d’après vos ordres je continuai de lui tout cacher. Nous parlâmes d’objets indifférens, mais elle entremêlait toujours dans ses propos, des choses sinistres, et qui m’effrayaient beaucoup. Quelquefois elle me demandait combien de temps il fallait à un corps pour se conserver entier après le dernier soupir… Si je croyais qu’une personne qui s’ouvrirait les veines serait bien long-temps à expirer ; d’autrefois, si j’imaginais que dans le cas où elle mourut à Blamont, son père lui refuserait la grace d’être placée auprès de sa mère ? si je croyais que Valcour serait bien fâché d’apprendre sa mort ? et mille autres propos semblables, mais auxquels