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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/37

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yeux, et puisque nous ne sommes pas destinées à vivre ensemble, n’éteins pas du moins l’espoir flatteur de me réunir un jour à toi, au pied du trône de sa gloire.

Tout existait dans ce discours ; et l’éloquence qui entraîne, et la sensibilité qui séduit, et néanmoins il n’a rien fait. Léonore a froidement embrassé sa mère ; elle lui a dit plus sèchement encore, qu’elle se ferait toujours un devoir d’adopter ses vertus, et que si elle regrettait de n’être pas destinée à vivre avec elle, c’est parce qu’elle voyait bien que sa conversion ne pouvait être l’ouvrage que d’une mère si aimable… Et madame de Blamont, qui a vu que les étincelles ardentes de son cœur n’avaient rien allumé dans celui de sa fille, a saisi le bras d’Aline en pleurant, et toutes deux se sont éloignées.

Oh, mon ami ! quelle distance de l’une de ces filles à l’autre ! où trouver dans Léonore l’apparence même de ces vertus qui naissent à tout instant du cœur de