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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/379

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Ô Valcour ! je devrais maintenant me justifier à tes yeux du criminel moyen que j’emploie pour sortir de la vie… Ah ! si je l’ai pris ce moyen terrible,… si j’ai dû briser ton idole dans le temple où tu l’adorais ; crois qu’aucun autre parti que celui-là seul, ne m’enlevait à l’infâmie. Instruis-toi, avant de me condamner, et ne me blâme pas sans entendre ce qui te sera dit sur cet objet… En quel état devais-je être réduite pour renoncer au plus doux bien de ma vie, et pour causer le plus grand chagrin de la tienne ?… Oui, j’ai mieux aimé la mort que la certitude de n’être jamais l’un à l’autre… J’ai préféré la cessation de ma vie, au double opprobre qui devait la souiller : ce parti est affreux, sans doute, puisqu’il nous sépare pour toujours,… pour toujours ;… quel mot mon ami ! il n’est que trop vrai ;… c’est pour toujours que nous sommes séparés ; il est impossible à présent que nous soyons jamais l’un à l’autre ; les années s’accumuleront,… les générations présentes et futures s’écrouleront dans l’abyme des temps ;…