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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/86

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sur Aline, et je me retrouve dans un abyme d’infortunes. En me conduisant comme je le fais, je préfère donc un petit mal à un grand ; mais c’est toujours un mal, et je suis bien vivement contrariée de ce qui allarme ma conscience. Une autre chose afflige encore bien fortement ma délicatesse, et me fait verser en secret des larmes bien amères ; j’abandonne dans cette Sophie, une honnête et douce créature, une fille pleine de vertu et de religion pour une qui est loin des mêmes qualités ; mais l’une est ma fille, l’autre ne m’est rien. Sauver encore Sophie des mains de cet homme, comment l’imaginer ! À quel titre l’entreprendre ! Eh mais, dès que je consens à donner à la maison de Kerneuil une héritière qui, dans le fait, ne l’est point, ne puis-je donc pas donner de même au président, une fille qui ne lui a jamais appartenu ? Quand il s’agit d’enlever l’infortune aux mains de l’injustice et de la cruauté, ne peut-on pas se permettre des détours. D’ailleurs, si je continuois d’assurer que Sophie est ma fille, je me retrouverais une