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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/162

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


volière treillagée de fils d’or autour desquels flottaient des branches de lilas et de roses becquetées par cent couples d’oiseaux les plus rares, annonçant par leurs chants divers les tendres et voluptueuses occupations d’une vie animée par l’amour et l’inspirant à tous les cœurs.

— Oh ! madame, s’écria le marquis, en voyant celle qu’il adorait dans un endroit aussi délicieux, que ne dois-je pas à vos bontés ! et quelles preuves vous voulez bien m’en donner en ce moment, lorsque vous daignez consentir à recevoir l’hommage que toute la Saxe vous présente aujourd’hui par ma voix !

— Marquis, répondit Adélaïde, c’est dans votre âme que j’ai puisé les traits de grandeur et de force dont vous voulez bien me savoir gré. Vous auriez fait ce que j’ai conçu : ce n’est que d’après cette certitude que je suis contente de moi-même. Je serai toujours orgueilleuse toutes les fois que je vous ressemblerai.

— Que ne puis-je être également glorieux, madame, des sentiments que je voudrais allumer en vous !

— Tout me défend de les entendre, mon cher marquis. Réfléchissez à ma position, et vous sentirez que je ne le puis.

— Trop funeste ambassade ! Pourquoi fus-je