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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/166

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

Et, retenant Thuringe qui voulait s’y élancer :

— Non, non ! dit-elle ; cette démarche nous rendrait coupables ; nous aurions l’air de craindre, et nous n’avons rien dit qui puisse nous faire rougir. Éloignons-nous par des côtés différents ; mais je vous défends toute recherche.

L’entretien terminé, Louis n’eut rien de plus pressé que d’en rendre compte à Mersbourg. Il ne lui déguisa point que la sévérité de la princesse, alléguant toujours sa position et les circonstances, lui ravissait absolument tout espoir.

— Je suis loin de penser comme vous, dit le comte : ces mêmes circonstances, qui vous paraissent aujourd’hui des entraves, peuvent un jour tourner à votre avantage : combien de fois n’a-t-on pas vu l’aurore du bonheur éclairer le jour où l’infortune nous accable !

Thuringe parla de l’ombre aperçue par Adélaïde et de l’inquiétude qu’elle lui avait causée ; mais le comte calma son ami, en l’assurant que le prince n’était pas même alors sorti de ses appartements.

— Mais celui qui nous a surpris peut rendre compte de ce qu’il a entendu.

— Si les choses sont comme vous me le dites, il n’y a pas de dangers à ce que vous ayez été surpris.