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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/203

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


changé d’avis et qu’elle aimait mieux voyager seule qu’accompagnée d’un homme qu’elle ne connaissait pas.

— Madame, répondit l’inconnu, vous êtes la maîtresse. Je souhaite que vous n’ayez point à vous repentir de n’avoir point accepté mes soins, mais je ne saurais vous y contraindre.

Il disparut en disant ces mots, et nos dames montent en voiture.

Quand on fut au pied des monts, le voiturier dit qu’étant impossible que ses chevaux pussent facilement gravir une montagne aussi escarpée, il priait ces dames de vouloir bien faire quelques pas à pied. Nos voyageuses y consentirent, n’emportant avec elles que leurs bijoux et leur argent, mais elles devancèrent tellement la voiture, qu’en moins d’un quart d’heure elles la perdirent de vue.

Isolées, ne voyant plus rien autour d’elles, la crainte de s’éloigner encore davantage leur fit prendre le parti d’attendre au pied d’un chêne dont l’ombre, par son épaisseur, semblait les inviter à se rafraîchir sous ses rameaux antiques. Elles y étaient à peine, lorsqu’elles virent déboucher, par un sentier qui se perdait dans la forêt, l’inconnu de l’auberge à la tête de deux cavaliers.

— Les voilà, dit cet homme à ses gens ; je