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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/238

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


et la religion doivent en être les bases. Rarement la politique se trouve en harmonie avec ces deux pierres fondamentales.

— En savez-vous la raison, dit Frédéric ?

— Je la cherche.

— C’est, répondit le prince, que les règles de la politique sont perpétuellement en opposition avec les mœurs et la religion. Il résulte malheureusement de là que le souverain, dont la véritable politique est de rendre ses sujets heureux, se trouve obligé de contrarier ces premiers principes de l’honneur qui, cependant, doivent faire également le bonheur des peuples. Le gouvernement de Henri fournit un exemple frappant de cette contradiction. Ce monarque offense les mœurs en se séparant de sa femme, fille du marquis de Ferrare, de laquelle il n’a point d’enfant, et traîne avec lui des maîtresses dont une lui donnera peut-être ce qu’il faut pour assurer l’empire dans sa maison, et par conséquent le bonheur de ses peuples. Ainsi, vous voyez d’une part les mœurs en contradiction avec la politique ; d’un autre côté, en occasionnant un schisme au moyen de l’élection d’un pape contrariée par celui que l’Église avait choisi, il se trouve en opposition avec la religion pour avoir suivi les lois de la politique qui, par le choix qu’il faisait lui-même