Aller au contenu

Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
238
ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


qui légitimât ses désirs, elle abandonna peu à peu ses idées et se reporta sur les projets formés pour l’avenir. Pendant qu’ils se mûrissent et que celles qui les forment se distraient en parcourant la ville, nous allons reprendre le cours des aventures que le sort préparait à leurs libérateurs.

En se félicitant de leur bonne action, Frédéric et Mersbourg s’avançaient vers Trèves où devait les rejoindre le fidèle Pitreman, leur écuyer.

— Eh bien, dirent-ils, dès qu’il les eut rejoints à l’auberge dont il était convenu, qu’ont dit ces enfants du service que nous leur avons rendu ?

— Ils sont remplis de reconnaissance, monseigneur, répondit l’écuyer ; mais, si vous voulez me permettre de vous dire ce que je pense, je ne crois pas que ces deux individus soient de notre sexe, et si vous m’aviez permis les questions, j’en saurais peut-être davantage. Je parierais que ce sont deux femmes déguisées.

— J’en ai eu quelque soupçon, dit Mersbourg.

— Oh ! oui, oui, reprit l’écuyer, ce sont des femmes que poursuivaient pour quelques fredaines les brigands qui leur servent de suppôts.

— Je suis assez de cet avis relativement à leur sexe, dit Frédéric, mais je ne pense pas de même sur leurs mœurs : ce que j’ai pu découvrir d’elles ne m’a fait naître aucun de ces soupçons, et j’ai