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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/315

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


j’aurais mieux fait de ne point quitter mes foyers.

Cependant il faut prendre parti. Les soldats de Krimpser font observer que les lois de leur chef n’accordent pas de longs délais.

— Partons, dit Frédéric, en remettant ses armes, exemple aussitôt suivi par le comte et par l’écuyer.

— Le motif qui m’amène, poursuit le prince, tient de trop près au bonheur de ma vie pour ne pas y sacrifier jusqu’à l’honneur.

— Vous ne le perdrez point, dit celui qui se chargeait de conduire les étrangers ; vos armes vous seront rendues dès que notre maître aura su ce que vous avez à lui dire. On ne se déshonore point d’ailleurs en abaissant le front devant un homme qui a fait trembler la moitié de l’Europe.

On arrive. Le brigand, à demi couché sur un faisceau d’armes, reçut les étrangers qui eurent ordre de se tenir debout devant lui, la tête découverte. Il leur adressa d’abord beaucoup de questions avant d’écouter ce qu’ils avaient à dire ; Frédéric établit ensuite ses réclamations. Ici Krimpser, quoique toujours fidèle aux lois de l’honneur et de la reconnaissance, crut pourtant pouvoir mêler à ces vertus un peu de soumission à certaines ruses qui lui avaient été recommandées et pour l’exécution desquelles il avait sans doute reçu beaucoup d’argent. En conséquence :