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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/377

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


Sans l’attachement que je vous ai voué pour la vie, j’y restais, soyez-en bien sûre.

— Ah ! sans le seul homme que j’aime au monde, je t’imiterais, sois-en certaine… Je suis si lasse des tourments de la vie !

— Sans compter ceux auxquels nous allons nous exposer peut-être.

— Je l’avoue, Bathilde, je tremble comme toi de tout ce qui nous attend.

— Cependant, madame, rassurées par Mersbourg, nous ne devons avoir rien à craindre.

— On est si souvent trompé dans le monde ; les vrais amis sont si rares aujourd’hui, et particulièrement sur le trône !

Enfin, en fort peu de temps, la princesse entra dans Frédéricsbourg, mais non sans un frémissement universel.

Se conformant en tout à ce qui lui avait été recommandé, elle descendit, déguisée, dans une auberge, et fit dire au comte qu’elle l’attendait : il accourt.

— Que votre arrivée me cause de joie, madame ! lui dit-il aussitôt qu’il l’aperçut. Tout est disposé comme je le désirais : le marquis de Thuringe est ici ; votre époux a repris les rênes du gouvernement et vient d’arriver de Dresde. Je l’ai pressenti sur la possibilité d’avoir été trompé à