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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/379

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


Il n’arriva le lendemain qu’à la chute du jour.

— Vous allez revoir Thuringe avant tout, lui dit-il avec empressement.

— En vérité, je me repens de ce désir ; il me donne déjà des remords.

— Ce serait sans fondement, madame : est-on la maîtresse de son cœur ?… Le choix que vous avez fait de Thuringe est l’ouvrage de ce cœur sensible : la politique a fait le reste ; elle vous enchaîne à Frédéric ; devez-vous donc balancer un instant ? D’ailleurs les procédés de votre époux sont-ils faits pour vous attacher à lui ? Que vous a-t-il offert depuis que son sort est lié au vôtre ? De la cruauté, de la jalousie et des fers… À combien de malheurs ne vous a-t-il pas exposée en vous contraignant à le fuir ? Si vous aviez péri, comme cela pouvait être, n’avait-il pas votre mort à se reprocher, et croyez-vous devoir quelque chose à un tel homme ?… Arrivez, arrivez, dit-il à Thuringe en le voyant entrer ; venez m’aider à vaincre les préjugés d’une femme qui vous adore et qui n’ose ni vous le dire, ni se l’avouer.

Alors Thuringe tombant aux pieds de la princesse :

— Ô divin objet de mes plus chères pensées, s’écria-t-il avec transport, vous que je n’ai jamais