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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/383

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


gloire… Vous régnez, prince, et ne pouvez, sans souiller votre trône, le partager avec une épouse qui se serait déshonorée par des crimes.

— Des crimes ! et quels sont ceux de mon Adélaïde ?

— Oubliez-vous donc le motif qui vous a fait sévir contre elle ? Et si elle a débuté, dans votre cour, par le jeune Kaunitz, qui sait ce qu’elle a fait pendant une aussi longue absence ? Une épouse qui osa être infidèle aux yeux de son mari doit l’être inévitablement quand elle s’en éloigne, et dans ce cas-là, cher prince, jamais une femme ne reste au premier pas. Elle m’a raconté hier l’histoire de ses voyages ; que de choses obscures on y trouve ! N’est-il pas démontré d’abord qu’elle n’entra dans la conspiration de Venise que parce qu’elle était la maîtresse du sénateur qui la fomentait ?… Que faisait-elle à Bade où l’on ne la connaissait que sous des noms empruntés ?

— Que crois-tu qu’elle y fît, Mersbourg ?

— Mais, monseigneur, ces faits sont connus de toute l’Allemagne ; elle y vivait publiquement avec le margrave. Et ce chef des bandits de la montagne qui vous reçut avec tant d’insolence, elle était sa maîtresse. Adélaïde, en un mot, est une femme perdue, déshonorée et qui nuirait à votre gloire.