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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/403

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


Saxe, nous touchons à l’époque la plus intéressante de votre vie.

— La plus affreuse, monsieur, la plus déchirante pour mon cœur ! Il faut que ce jour terrible m’enlève ou mon époux ou mon amant ; que vais-je devenir dans l’un ou l’autre cas ?

Ici Mersbourg apprit à la princesse le contenu du testament.

— Moi, s’écria Adélaïde, moi régner si je perds mon époux par les mains de Thuringe ! ou régner si je perds mon amant par celles de mon époux !… Ah ! le pourrais-je hélas !

— Des raisons d’État vous y forcent. Le prince veut, s’il succombe, que vous épousiez après lui l’être que vous jugerez le plus capable de gouverner son peuple, et par conséquent, le plus digne de vous. Si quelque considération vous empêche de choisir le marquis, vos yeux, madame, peuvent se porter sur tel objet qu’il vous plaira.

— Mais, monsieur, qui donc est cause cette fois de tous les malheurs qui m’accablent ?

— Votre seule imprudence, madame… imprudence que j’aurais à l’instant prévenue, s’il m’eût été possible de vous voir. Un écuyer du prince se promenait auprès du lieu de votre rendez-vous : à peine en a-t-il compris l’objet qu’il vole tout apprendre au prince, que sa jalousie