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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/417

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


violence sur ses affections peut-être encore mal éteintes, des pratiques si dures et si neuves pour elle, altérèrent bientôt sa santé : une maladie de consomption vint affaiblir tous ses organes…

On veut l’obliger à quelques remèdes, elle les refuse constamment.

— Ô mon Père, dit-elle à Urbain qui les lui présente, ce n’est pas pour continuer de vivre que je suis venue dans votre maison ; c’est pour apprendre à mourir. Ce dernier moment où je touche remplit mon cœur d’une joie céleste… Laissez-moi le goûter sans effroi… Mon âme émanée de la divinité veut s’y rejoindre : comment pourriez-vous croire que ce rapprochement céleste ne devienne pas l’objet de mes plus chers désirs ? Ce dieu si bon me recevra sans doute avec indulgence. Ah ! de quel œil de mépris verrai-je alors toutes les vanités qui m’attachent à la terre ! Ma faible voix réunie à celles des anges sera peut-être entendue du Seigneur, et c’est alors que j’aurai trouvé ce bonheur si vainement recherché dans le monde… Qu’il est aveugle, qu’il est endurci dans le crime, celui qui se refuse à admettre ce bonheur céleste auquel je me crois déjà si étroitement associée !… Ô mon Père, mon Père…, mes sens se troublent…, mes yeux, éblouis de la majesté de ce Dieu qui me tend les bras, ne