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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/46

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CAHIERS PERSONNELS


laisse en partie triompher celui-ci ! Quel lecteur osera dire néanmoins qu’avec une telle marche (qui n’est heureusement blâmée que par les sots) ce livre n’ait atteint le dernier but de l’intérêt ? Ah ! vous qui, dénués d’âme et de sensibilité, critiquez froidement les énergiques tableaux de ce genre, vous qui voulez nous ramener à des principes qui jamais ne furent ceux de l’art, eussiez-vous, malgré vos pitoyables réflexions, dites, eussiez-vous versé sur l’adorable héroïne de ce roman les larmes qu’elle vous arrache malgré vous, si la perspective d’un bonheur éternel avec Dormeville vous eût empêché de voir la malheureuse Célestine expirante sur le tombeau de la victime de son délire, les lèvres collées sur la poitrine sanglante de son époux infortuné ?


[22.]
Note relative à ma détention
[et à l’ouvrage de Justine],

Je remarquai que la situation dans laquelle on me tenait et les farces qu’on me faisait me contraignaient à confondre les événements véritables avec les événements produits par l’imbécile méchanceté des scélérats qui me conduisaient ; ce qui, en me rendant insensible à ceux qui étaient arrangés, me rendait de même insensible à ceux du sort ou de la