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Page:Sade - Dorci, ou la Bizarrerie du sort, 1881.djvu/31

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et dans les écrits du marquis de Sade, résulte de l’association, et, par suite, de la confusion de deux idées qui restent parfaitement distinctes et même opposées dans toutes les intelligences saines : le plaisir et la souffrance. Des images de volupté et de supplices se formaient simultanément dans le cerveau de ce malheureux. Cela apparaît dès son premier crime et cela est la caractéristique de sa littérature. Sur un de ses derniers manuscrits, écrits à Charenton, Jules Janin lut cette phrase : « J’ai oublié deux supplices. » J’ai vu, il y a quelques années, dans un cabinet d’autographes, un plan de maison publique tracé par l’incurable vieillard ; la destination de toutes les salles était marquée ; celles du fond portaient ces légendes : « Ici l’on estropie. Ici l’on tue. » On voit que l’abominable association de ces deux séries d’idées fut suivie avec une terrible logique par ce fou dont Carrier réalisa l’idéal en faisant ses mariages républicains.

Cette folie est rare ; elle n’est pas unique, et le monde romain en sentit les atteintes sous les empereurs. Le temps où Sade fut élevé n’en fut point infesté. On imprima beaucoup de sottises au XVIIIe siècle, et on en fit encore davantage ; mais