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Page:Sade - Dorci, ou la Bizarrerie du sort, 1881.djvu/42

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on a joui, on a fait jouir les autres ; n’en est-ce pas assez pour le bonheur[1] ?

Il ne s’était point vu depuis longtemps une intimité plus parfaite que celle qui régnait entre Paul et François Dorci[2]. Tous deux frères, tous deux à peu près du même âge, c’est-à-dire environ de trente à trente-deux ans, tous deux officiers dans le même corps, et tous deux garçons ; aucun événement ne les avait jamais désunis, et, pour serrer les nœuds d’une liaison qui leur était si précieuse depuis que, par la mort de leur père, ils se trouvaient l’un et l’autre maîtres de leur bien, ils habitaient la même maison, se servaient des mêmes gens et étaient résolus à ne se marier jamais qu’à deux

  1. Ce préambule était primitivement beaucoup plus étendu. On lit en regard de l’alinéa suivant cette note qui a été biffée : « Décidément il ne faut commencer que là. »
  2. Il y avait d’abord : « Le comte et le marquis de Dorci. » Disons une fois pour toutes que les deux prénoms de Paul et de François ont remplacé partout les titres de comte et de marquis.