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Rouen ; il y était quand on vint tout apprendre à Paul. Celui-ci, un peu revenu du premier choc de son abattement, fit tout au monde et par lui-même et par ses amis pour sauver son misérable frère. On le plaignit, mais on ne l’écouta point. On lui refusa même la satisfaction d’embrasser ce malheureux ami et, dans un état difficile à peindre, il quitta Rouen le propre jour de l’exécution du mortel de l’univers qui lui fût le plus précieux et le plus sacré, et que lui-même traînait à l’échafaud. Il revint un instant dans sa terre, mais avec le projet de la quitter bientôt pour toujours.

Annette n’avait que trop appris quelle victime s’immolait à la place de celle qui possédait ses vœux ; elle osa paraître chés Dorci[1], elle y vint avec son père. Tous deux se précipitent aux pieds de leur bienfaiteur et frappent la terre de leur front. Ils le supplient

  1. « Chés Dorci » — « au château de Dorci. »