VI, mensonge atroce qui n’avait d’autre but que
d’engager le monarque à porter la guerre en
Bretagne, et tout cela dans la seule intention de se
venger du duc, qui l’avait peint au roi comme il
méritait de l’être ; s’attachant surtout à dévoiler
la perfide ambition qui ne lui faisait désirer de
porter la guerre en Bretagne que pour trouver
des moyens de s’illustrer. Si le duc de Bourgogne
eût continué de gouverner la France, jamais
Clisson, jamais cet homme perfide n’eût repris
une considération que le roi ne lui accorde que
parce qu’il ne le connaît pas. En un mot Clisson
était perdu, sans l’humanité du duc de Bretagne,
qui ne consentit à le relâcher qu’au moyen d’une
rançon que sa mauvaise foi n’acquittera jamais.
Charles de Bretagne était maître de sa vie, il la
lui laisse, et l’ingrat se rend encore plus coupable
envers son libérateur. Amis, il est tems de venger
votre maître ; j’ai ordre de ne point ménager ce
grand coupable ; armez-vous contre un traître et
vous remplirez le devoir des honnêtes gens. Le
connétable passera demain près de cet hôtel ;
frappez-le quand il paraîtra, et que le fourbe
expire à vos pieds. Cette légitime action à laquelle
je vous exhorte, doit être agréable au ciel, dont la
justice veut que le crime soit puni : elle doit plaire
à notre souverain qu’elle venge, et plus encore à
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ISABELLE DE BAVIÈRE